Bien qu’il soit indispensable à la bonne santé des volailles, le paillage n’est pas si facile à mettre en œuvre. Pour apporter aux aviculteurs une solution efficace et économique, Le Gouessant mène des essais sur le terrain.
« En volaille chair, la litière a toujours été un sujet sensible. À ce jour, aucune ne peut fonctionner du 1er au dernier jour de présence du lot sans un repaillage régulier, coûteux et contraignant physiquement », rappelle Christophe Rebuffet, responsable bureau d’études et agriculture durable chez Le Gouessant. Or, de la qualité de la litière dépend le pourcentage de pododermatites. Cette dernière nuit au confort des animaux et engendre des pénalités sur les prix de vente à l’abattoir. Par ailleurs, la sciure de bois que beaucoup d’éleveurs utilisent est soumise à des ruptures d’approvisionnement, « les poussant vers des alternatives plus ou moins adaptées qui peuvent, in fine, réduire la qualité des lots », explique Amélie Desaëgher, chargée de mission Recherche, Innovation, Développement chez Le Gouessant. Autre difficulté : une litière trop poussiéreuse est inconfortable pour les éleveurs lors de sa mise en place, malgré le port d’un masque. « Pour remédier à ces problématiques, nous souhaitons créer une offre technique et commerciale claire, en proposant, aux termes de nos essais, un protocole litière le plus efficace possible », projette Christophe Rebuffet.
1er phase d’essai : le repaillage
Pour atteindre cet objectif, la Coopérative a lancé des essais dès l’été 2023 chez 3 éleveurs bretons. « Nous avons testé, en partenariat avec l’entreprise Eizhy, un repaillage à base de miettes ou de granulés de paille de colza », explique Amélie Desaëgher. « L’échantillonnage étant faible, il est difficile de tirer des conclusions mais les pistes sont encourageantes », ajoute-t-elle. Durant le premier trimestre 2024, Le Gouessant relance des essais chez ces éleveurs en prenant en compte plus de paramètres. « Nous ne sommes pas en station d’expérimentation, beaucoup de facteurs peuvent influer sur la qualité de la litière », souligne la chargée de mission. C’est pourquoi l’équipe RID note tout : quantités de paillage initial, quantités rajoutées, fréquence, différences de pratiques entre éleveurs, matières premières utilisées, orientation du bâtiment… « L’entretien est différent entre un bâtiment sur terre battue ou sur dalle béton, c’est donc aussi le cas pour le protocole de paillage », illustre-t-elle. Pour évaluer la réussite des essais, le taux de pododermatites est comparé aux anciens lots. L’équipe Volaille chair connaît bien les différences entre chaque élevage. « Cela nous permet d’avancer dans notre expérimentation. Si les résultats sont bons sur des saisons et conditions où l’on retrouve généralement plus de problématiques, la solution fonctionnera au moins aussi bien dans des conditions favorables », affirme Amélie Desaëgher. Si les résultats de cette phase d’essai sont concluants, une première offre sera proposée aux éleveurs, avec les matières premières les plus couramment utilisées et les granulés ou miettes de paille testés.
2e phase d’essai : le primo-paillage
Pour aller plus loin, la Coopérative enclenche la 2e phase d’essais : le primopaillage. « Nous allons procéder à la mise en place de mixtes de matières premières que nous développerons avec les éleveurs au fur et à mesure. La solution proposée doit être économique, techniquement intéressante, confortable pour les animaux et favoriser le bien-être des éleveurs pendant la mise en place », pointe l’ingénieure. Elle insiste sur la co-construction de ces essais : « nous avançons avec les éleveurs, selon leurs ressentis et leurs préférences, car ce sont eux qui sont là au quotidien et qui ont les solutions. Nous nous appuyons sur leurs expériences tout en essayant de rationaliser les résultats grâce à des critères mesurables et comparables entre les élevages ». Une affaire à suivre !