Vers la liberté des truies en maternité

#porc
20 février 2023

Bien qu’aucune réglementation n’oblige actuellement à conduire les truies en maternité liberté, l’attente sociétale évolue en ce sens. Brigitte Petitpas, responsable technique Le Gouessant, et Delphine Gorin, technicienne bâtiment, partagent leurs recommandations pour une bonne mise en place.

« Depuis quelques années, le service Bâtiment de la Coopérative incite fortement les projets d’élevages neufs ou en rénovation à passer les truies en maternité liberté », affirme Brigitte Petitpas, responsable technique Porc chez Le Gouessant. Certains cahiers des charges valorisent déjà les porcs charcutiers issus de maternité en liberté, à travers une plus-value financière. Avec des truies en maternité liberté, l’enjeu est toutefois de limiter les risques d’écrasement. Il faut donc être vigilant sur l’équipement et la conception des cases.

Primordial pour les porcelets, le nid est doté d’une lampe chauffante. Il génère ainsi une chaleur localisée qui permet de baisser la température de la salle pour un meilleur confort des truies et des économies d’énergie.

Veiller à l’ambiance en maternité

« La conduite des truies en liberté nécessite une surface supplémentaire de 30 à 40 % » explique Delphine Gorin, technicienne bâtiment chez Le Gouessant. Aujourd’hui, une truie et sa portée en élevage standard disposent d’une case de 4,5 m2. En liberté, les truies ont besoin au minimum de 7 m2 pour pouvoir se déplacer et assurer le confort des porcelets, limitant ainsi le risque d’écrasement. Un surcoût est donc à prévoir dans la conception du bâtiment.
« Une place en maternité liberté coûte 8 000 à 8 500 €, contre 5 000 € en place classique ». Il faut également veiller à avoir une bonne ambiance en maternité : le débit de ventilation des salles passe ainsi de 250 à 350 m3 par truie. À la mise-bas, le milieu doit être enrichi de matériaux manipulables, comme de la paille ou de la toile de jute, pour stimuler la nidification. Du côté des porcelets, le nid est primordial. Placé dans un angle de la case et doté d’une lampe chauffante, il améliore leur confort. Inaccessible à la truie, le nid limite aussi les accidents. Cette chaleur localisée permet de baisser la température de la salle pour un meilleur confort des truies, ce qui induit une économie d’énergie.

Penser au confort de travail

« Il est important de bien choisir la case pour garantir le confort au travail de l’éleveur et des salariés », conseille Brigitte. Le mot d’ordre : la praticité ! L’accès aux truies et au nid des porcelets doit être facilité par la présence de couloirs. De même, les matériaux doivent être robustes et faciles à laver. « Si la case n’est pas bien pensée, il peut y avoir rapidement du temps de travail ou de lavage en plus, et moins de plaisir à aller voir les animaux. Leur suivi peut en pâtir », ajoute-t-elle. Un point de vigilance à ne pas négliger, donc.

Accentuer le confort digestif des truies

En pratique, soit les truies sont en totale liberté dès leur entrée en maternité, soit elles sont contenues quelques jours autour de la mise-bas pour limiter les risques pour les porcelets et faciliter l’accès à l’éleveur. Dans tous les cas, l’éleveur doit avoir des truies de génétique calme pour éviter les risques d’écrasement. La domestication des cochettes doit d’ailleurs être renforcée dès l’entrée en quarantaine. Enfin, les gammes alimentaires et le plan d’alimentation utilisés dans ce type de conduite doivent accentuer le confort digestif de la truie et un bon démarrage en lactation. « La truie étant moins accessible à l’éleveur, il faut soigner tous ces paramètres pour préserver les porcelets », insiste Brigitte. Un choix qui, de fait, requiert davantage de surveillance de la part de l’éleveur. Si les performances sont très variables d’un élevage à l’autre, comme c’est aussi le cas en élevage standard, Brigitte souligne un bienfait propre au métier d’éleveur, et donc d’animalier : « La conduite en maternité liberté offre un autre rapport à l’animal. Les éleveurs ayant fait ce choix ne regrettent pas l’ancien système ».

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