R&D : Du cochon sans soja, c’est pour demain ?

#porc
14 mars 2023

Pour répondre aux attentes des consommateurs, la Recherche & Développement de la coopérative Le Gouessant a testé des aliments sans soja sur les porcelets en 1er et 2e âge. Les premiers résultats sont encourageants !

Le soja tend à avoir mauvaise presse chez les consommateurs. Mais comment se passer de cette source de protéines bien digérée par les porcs, appétente et économique ? Gwénola Ramonet, cheffe de produits aliments porc, voit deux solutions : «nous pouvons utiliser du soja non issu de la déforestation,
par exemple français, ou bien tenter de nous en passer. Nous savons déjà le faire pour le porc charcutier et la truie ». Il est en effet possible de remplacer la légumineuse désavouée par d’autres protéo-oléagineux, comme le colza et le tournesol bien qu’ils soient un peu moins riches en protéines. Mais pour les porcelets, dont le besoin en protéines est plus important, c’est moins simple ! Challengé, le service R&D Porc de la Coopérative s’est lancé dans le test d’aliments sans soja pour 1er et 2e âge. Le but : améliorer l’image des productions animales tout en ayant un retour sur investissement.

Élargir la palette de protéines

« Les aliments pour porcelets sont composés à 20 % de soja. Pour le remplacer, nous devons élargir la palette d’ingrédients », souligne la nutritionniste. La composition dépend du contexte du marché et des approvisionnements. Dans l’aliment 1er âge, le soja peut être remplacé par des protéines de pommes de terre et de pois, du gluten de blé et de maïs, et du concentré de protéines de lactosérum. Dans l’aliment 2e âge, il peut être substitué par du pois, tourteau de tournesol, gluten de maïs, tourteau de colza et drèches de maïs. Le Gouessant a mené un premier essai dans un élevage d’Ille-et-Vilaine, sur quatre lots de 200 porcelets. Pour chaque lot, deux échantillons égaux ont été suivis et comparés durant la même période, dans les mêmes conditions ; l’un a reçu des aliments contenant du soja, et l’autre des aliments sans soja. « Notre objectif, c’est que le poids moyen des porcs nourris sans soja soit au moins égal à l’échantillon témoin », explique Gwénola Ramonet. Le bilan des quatre tests est concluant puisqu’un gain moyen de 0,7 kg par porc a été observé à la fin de l’alimentation 2e âge. Par ailleurs, le taux de perte a diminué, passant de 2,4 % à 1,2 %. « Je ne peux pas affirmer que cette amélioration du taux de perte soit due à l’absence de soja, même s’il a été montré des effets allergènes du soja chez le jeune animal », nuance-t-elle.

Multiplier les conditions d’essais

« La méthode est validée, nous savons formuler sans soja », affirme la scientifique. Place à l’étape suivante : trois nouveaux élevages ont rejoint les essais en 2022, en Loire-Atlantique et dans le Finistère. « Les programmes alimentaires y sont adaptés au poids de sevrage des porcelets et aux objectifs de l’éleveur. Je pourrai voir comment répondent ces aliments à des contextes différents », anticipe-t-elle. Reste à évaluer le retour sur investissement, sans quoi le projet s’adressera plutôt à des élevages engagés dans une démarche de baisse du bilan carbone. « Ces challenges sont motivants pour les nutritionnistes et pour les éleveurs. Quand on en parle à des gens de notre entourage, ça les intéresse en tant que consommateurs », s’enthousiasme Gwénola.