Après le maraîchage et l’arboriculture, les biosolutions ont trouvé leur place dans les itinéraires techniques des grandes cultures. En France, en 2020, le marché du biocontrôle s’élevait déjà à 236 M€, représentant plus de 12 % du marché de la protection des plantes (1).
Les produits de biocontrôle sont définis dans le Code Rural et de la Pêche Maritime (CRPM) comme étant « des agents et produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures. » Il en existe 4 familles : les macro-organismes (insectes, acariens ou nématodes), les micro-organismes (bactéries, virus ou champignons), les médiateurs chimiques (phéromones, kairomones ou allomones) et les substances naturelles (d’origine végétale, animale, minérale ou microbienne). « Chez Le Gouessant, nous sommes convaincus que les biosolutions constituent une alternative de choix pour réduire l’usage des produits phytosanitaires tout en maintenant les rendements » témoigne Guillaume Tanguy, chef produit en Productions Végétales chez Le Gouessant. « Utilisées seules ou en association, elles montrent des résultats quasi équivalents au conventionnel, à condition d’une bonne surveillance. »
Mieux vaut prévenir que guérir
La Coopérative l’assume, elle a fait le choix de basculer 100 % de sa gamme d’anti-limaces en biocontrôle. « La clé c’est l’observation ! » assure Guillaume Tanguy. Il faut intervenir dès l’apparition des premières morsures. « Notre fournisseur dispose d’un réseau de piégeage. Il nous alerte en temps réel sur le niveau de risque et nous couplons ces données aux observations terrain des techniciens. » Si cet anti-limaces à base de phosphate ferrique est appliqué suffisamment tôt, on obtient une mortalité des ravageurs comparable au conventionnel (75 % d’efficacité avec le biocontrôle vs 78 % en conventionnel à J+10 après l’application). Parmi les autres biosolutions promues par la Coopérative, il y a le soufre. Ce fongicide naturel est un allié dans la lutte contre la septoriose. Il s’utilise en début de cycle, au stade 1-2 nœuds de la céréale à paille (blé, orge ou triticale). Nos derniers essais en blé ont mis en évidence une réduction de moitié de la dose de conventionnel, avec un gain de rendement de 4 q/ha. Seul inconvénient du soufre, c’est une matière dense. Pour éviter le bouchage des buses de pulvérisation, des précautions doivent être prises lors de l’incorporation du produit ainsi qu’au moment du rinçage en fin de chantier.
Dans la catégorie des macro-organismes auxiliaires, les trichogrammes ont le vent en poupe. Ces parasitoïdes pondent dans les œufs de pyrales qui ne peuvent donc plus causer de dégât à la culture de maïs. Ils peuvent être appliqués sur la parcelle à partir de plaquettes à suspendre manuellement sur les feuilles de maïs (225 000 trichogrammes/ha) ou de capsules biodégradables larguées par drone (270 000 trichogrammes/ha) (2). La date optimale du lâcher coïncide avec le pic de vol des pyrales, généralement entre début juin et fin juin. Le coût de revient est de 35 à 40 €/ha et l’efficacité affichée est de 60 à 70 %, suffisant selon Guillaume Tanguy pour « répondre aux attentes de la pression pyrale bretonne ».
À date, Le Gouessant référence une dizaine de solutions de biocontrôle en grandes cultures et en cultures spécialisées. Cette année, de nouveaux essais sont menés sur le phosphonate de potassium pour lutter contre la septoriose du blé, 1re maladie en France sur les céréales à paille.
(1) Source : IBMA France, l’Association française des entreprises de produits de biocontrôle
(2) Prestation proposée par la Coopérative Le Gouessant