L’alimentation des vaches laitières devient affaire de précision. Mais avant de ciseler la ration, les bases de l’élevage doivent être solides. Une avancée étape par étape.
La précision s’invite de plus en plus en élevage laitier. Les éleveurs s’équipent d’instruments de pesée, de robots. Ils s’intéressent à la finesse du broyage de l’amidon, aux profils d’acides gras et aux grammes d’acides aminés apportés dans la ration. C’est la nutrition de précision. Mais avant d’atteindre le haut de la pyramide, il faut bien bâtir le socle. « On raisonne par palier », explique Clément Le Flohic, chef de marché efficacité alimentaire chez Le Gouessant. La première étape est de sécuriser les bases c’est-à-dire l’élevage des génisses, la préparation des vaches taries et le réglage du robot. « Un socle robuste est nécessaire pour exprimer pleinement le potentiel laitier des vaches. Ensuite, on peut aller plus loin et progresser en lait. » Deuxième étape, maximiser la production de protéines microbiennes avec des fourrages de bonne qualité pour un fonctionnement ruminal optimum. « Une fois la base solide, la nutrition de précision permet aux éleveurs compétitifs de l’être encore plus. »
Des apports millimétrés
Le volet énergétique est raisonné en choisissant le type d’amidon puis les matières grasses. « On vise un bon équilibre entre les acides gras saturés et insaturés. On apporte des C16 :0 qui sont by-pass et donc disponibles de suite pour la vache. » En dernière étape, ce sont les acides aminés de synthèse qui sont ajoutés à la ration. D’abord la méthionine, premier acide aminé limitant chez la vache laitière, puis la lysine qui devient limitant dès que la production atteint les 40 kg de lait corrigé.
Faire progresser la MCA
Les derniers kilos de lait sont plus chers à produire mais « les derniers kilos ingérés sont les plus efficaces, ils permettent jusqu’à 2,5 kg de lait en plus ». Chaque palier de cette stratégie est validé par la marge sur coût alimentaire. La nutrition de précision est un des six leviers pour l’améliorer. L’analyse des données d’élevages suivis par Le Gouessant montre que 55 % de la MCA est expliquée par la quantité de lait produite par vache et par jour. « Sur les 300 éleveurs suivis en MCA, les 10 % meilleurs sont les plus productifs. Ils affichent 10,8 €/VL/jour sur l’année 2022. » Dans un contexte laitier qui voit le nombre d’éleveurs et de vaches diminuer, la seule solution pour satisfaire une demande stable est d’augmenter la production de lait par vache. Et la nutrition de précision le permet.