« J’ai fait le choix, par conviction personnelle et dans l’intérêt collectif, de désherber mécaniquement nos 16 hectares de maïs cette année » annonce Gérard Colas qui mène, avec son épouse Nicole, l’EARL de La Baudramière à Saint-Aaron (22). Une bien belle façon de tirer sa révérence pour sa dernière campagne culturale avec la Coopérative.
Il a le goût de la technique et de l’innovation. Gérard Colas s’est investi, de longue date, dans l’amélioration des pratiques culturales et l’agroenvironnement. « J’ai démarré les essais avec Le Gouessant, en 1992, avec une plateforme colza. Puis, j’ai enchaîné avec une plateforme couverts végétaux. Depuis 3 ans, je suis également membre d’un groupe Dephy de la Chambre d’agriculture où 14 exploitants, allant du bio à l’intensif, testent des méthodes alternatives pour réduire l’usage des phytos et améliorer les IFT*.»
Un pari courageux
À l’automne dernier, l’agriculteur a participé à des réunions locales où étaient présentés des résultats d’analyses d’eau alarmants sur les taux de résidus de matières actives dans la rivière Le Gouessant. « Nous sommes tous concernés par les questions environnementales et de santé publique. J’ai décidé d’agir à mon niveau. » Gérard fait alors le pari courageux de désherber mécaniquement les 16 hectares de maïs de l’exploitation. Ceci, malgré les réticences de Nicole, bien consciente que cela occasionnerait du travail supplémentaire sans valorisation économique à la clé. « J’ai opté pour une méthode préconisée en agrobiologie et j’ai suivi le protocole à la lettre » explique l’agriculteur. Gérard s’est attaché à respecter les fondamentaux comme « bien réchauffer le sol à 12°C avant le semis, et multiplier les passages d’outils à dents pour aérer le sol sur 10 à 15 cm en vue de supprimer les glyphosates. »
Valoriser les pratiques alternatives
La semaine suivant le semis, 2 passages de houe rotative ont été réalisés pour émietter le sol et détruire les filaments des adventices en pré-émergence. « 10 jours plus tard, nous avons passé la roto-étrille au stade 3 feuilles, puis biné le maïs au stade 4-5 feuilles et, enfin, au stade 10 feuilles avec épandage de lisier. »
En tout et pour tout, Gérard n’a réalisé qu’un seul traitement anti-graminées, au tiers de la dose, en raison de la présence importante de ray-grass résistant dans le rang. Il estime que « le protocole a bien fonctionné grâce à la météo favorable du mois de mai. Le salissement a été bien contrôlé. Les épis sont très beaux. Malgré le manque d’eau en juillet, le maïs ne semble pas avoir subi de stress hydrique. »
Gérard a investi du temps, de l’énergie et de l’argent pour relever le défi qu’il s’était fixé. « J’évalue le différentiel de coût avec du maïs cultivé en conventionnel à 10 quintaux environ. L’idéal serait de pouvoir valoriser les pratiques alternatives en terme de débouchés. Mais ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui. »
Pour autant, l’exploitant ne regrette rien. « Chercher à être pointu, à s’améliorer, c’est stimulant. Ça fait l’intérêt de notre métier. L’adaptation est permanente. En ce sens, je partage totalement la philosophie du Gouessant qui consiste à innover, à produire autrement et durablement dans l’intérêt des agriculteurs et de la société. C’est pourquoi, comme mes parents, je suis resté fidèle à la Coopérative en productions végétales tout au long de ma carrière. »
* IFT : Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires.