Il fallait y penser et oser. C’est chose faite ! Les outils de l’excellence opérationnelle – méthode habituellement appliquée en industrie – ont été testés sur les Fermes 4 soleils. Les résultats sont enthousiasmants et pourraient à l’avenir bénéficier au plus grand nombre.
Avec un volume d’activité croissant sur les exploitations, une charge de travail par personne qui s’alourdit, les adhérents ont parfois du mal à mobiliser quelques heures pour participer à des ateliers qui pourtant les motivent. « On a pensé qu’on pouvait les aider à améliorer l’organisation du travail, l’optimisation des tâches, la gestion des priorités », raconte Béatrice Le Guen, responsable du club Fermes 4 Soleils. Est alors née l’idée de proposer aux éleveurs de tester les méthodes de l’excellence opérationnelle (EO), une démarche appliquée en interne par Le Gouessant. Idée confortée lors de la définition des projets 2024 par les éleveurs du club. « Ils ont exprimé le besoin d’être plus efficaces, d’optimiser l’utilisation des outils de production pour être plus rentables et gagner du temps ».
Du concret, du pratique
Comment mettre en œuvre une méthode issue du monde industriel dans les exploitations agricoles ? Quelle est la bonne formule pour la proposer aux agriculteurs ? L’équipe Le Gouessant a choisi de tester au sein de petits groupes d’éleveurs des pilotes sur la gestion, l’organisation, l’optimisation du temps de travail. « Qu’est-ce qui gratte au quotidien ? » Telle est la question posée à l’exploitant accueillant le groupe. Chacun apporte ses propositions de manière bienveillante et constructive, en s’appuyant sur un outil de l’excellence opérationnelle. « On décortique ensemble ce qui coince pour essayer de l’améliorer ». Pas toujours facile d’accepter la remise en cause des habitudes de travail mais les réticences cèdent quand une solution concrète et pratique se révèle parfaitement adaptée. « Une fois la problématique bien définie et la méthode choisie, la solution émerge facilement de l’intelligence collective. C’est très impressionnant ». L’objectif est que chacun quitte l’atelier en emportant un livrable, c’est-à-dire une ressource applicable chez soi.
L’aventure continue
Et ça marche ! Les trois ateliers menés cet hiver ayant été positifs et enrichissants, les éleveurs ont poursuivi les rencontres et un groupe supplémentaire a même été créé. « La valeur pour nos adhérents est prouvée. La phase test est concluante ». Après être passée par l’incubateur du club Fermes 4 soleils, l’excellence opérationnelle est à présent en phase de duplication. « Nous réfléchissons à structurer une offre de service pour que l’ensemble de nos adhérents puissent renforcer leur efficience et gagner du temps ».
Ils témoignent…
Pour aller plus loin : l’excellence opérationnelle ou comment faire mieux chaque jour
La méthode a recours à des outils dont trois constituent le socle de l’excellence opérationnelle : le standard, l’animation à intervalle court et les 5S. Appliquée en industrie, elle s’avère transposable au monde agricole. « L’excellence opérationnelle est appliquée dans les secteurs industriels et logistiques Le Gouessant », partage Benoît Chauvin, responsable de la démarche EO chez Le Gouessant. Mais de quoi parle-t-on ? « L’EO reflète une culture, un état d’esprit orienté vers l’amélioration continue. » Créée par Toyota, elle est largement répandue dans les industries automobile, pharmaceutique et agroalimentaire. Son objectif est de rendre le travail plus efficace pour au final gagner du temps et de la satisfaction.
Trois fondamentaux dans la boîte à outils
• Le premier outil est la standardisation. Créer un standard, c’est formaliser la meilleure façon d’exécuter une tâche. « En usine, plusieurs opérateurs réalisent des actions identiques mais avec une efficacité inégale. L’EO aide à définir en équipe la meilleure façon de réaliser la tâche ». Un document pratique, très visuel, souvent avec des photos récapitulant les étapes pour accomplir l’opération de manière optimale est placé près du poste de travail. La finalité est d’assurer la continuité de l’activité quoi qu’il arrive. En usine comme sur une exploitation, « une personne ne connaissant ni l’atelier ni le métier doit pouvoir effectuer les tâches prioritaires ».
• Le deuxième outil se focalise sur l’organisation du travail et la communication via le management visuel. Il s’agit de mettre en place un rituel quotidien de quelques minutes, une « animation à intervalle court » pour évaluer la performance du jour. Le responsable passe en revue les attendus de la journée, à partir d’indicateurs créés avec les équipes. En industrie, on parle de sécurité, de qualité, de performance, de maintenance. « On évalue si la journée a été bonne, on repère les écarts par rapport aux objectifs et on définit quelles actions adopter pour atteindre la cible. » Dans une exploitation, le rituel sert à organiser la journée de travail et à communiquer. « L’agriculteur peut mieux gérer les équipes et les priorités. Chacun visualise facilement la répartition des tâches. En fin de journée, il peut faire le bilan, évaluer le temps passé sur les activités à valeur ajoutée ou à gérer des irritants ».
• Troisième pilier, la méthode 5S fait référence à cinq termes japonais dont le but est de rendre l’environnement de travail sécurisé et efficace. Les étapes successives sont de débarrasser les objets inutiles, ranger les outils à proximité de la zone de travail, nettoyer l’espace, standardiser c’est-à-dire définir des règles pour que les outils soient toujours rangés au même endroit et enfin pérenniser pour que les bonnes habitudes perdurent.
Quelle que soit leur production, les agriculteurs sont confrontés à la problématique de la gestion du temps. « Lors des ateliers, j’utilise la force du collaboratif et l’intelligence collective pour faire émerger des solutions. » Le regard croisé entre exploitants permet d’identifier les bonnes pratiques et les moyens d’améliorer ce qui peut l’être.