Pour répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux, la coopérative Le Gouessant a mis au point des aliments sans soja pour les porcelets en 1er et 2e âge. Sur les différents essais menés en conditions d’élevage, les résultats confirment le bien-fondé de ces formulations.
Le soja tend à avoir mauvaise presse chez les consommateurs. Mais comment se passer de cette source de protéine bien digérée par les porcs et économique ? La coopérative Le Gouessant savait déjà alimenter les porcs charcutiers et les truies sans soja. Restait le cas des porcelets dont les besoins nutritionnels sont plus importants. La coopérative Le Gouessant a donc mené des essais d’aliments sans soja sur les phases 1er et 2e âge. « Les aliments pour porcelets sont composés à 20 % de soja. Pour le remplacer, nous devons élargir la palette de matières premières riches en protéines », souligne Gwénola Ramonet, Cheffe produits aliment Porc chez Le Gouessant. Ces sources alternatives de protéines peuvent être, par exemple, le pois, les tourteaux de colza et de tournesol, ou les issus de blé.
Maintien des performances et amélioration du taux de pertes
Le Gouessant a mené un premier essai dans un élevage d’Ille-et-Vilaine, sur quatre lots de 200 porcelets. Pour chaque lot, deux échantillons égaux ont été suivis et comparés durant la même période, dans les mêmes conditions ; l’un a reçu des aliments contenant du soja, et l’autre des aliments sans soja. « Notre objectif, c’est que le poids moyen des porcs nourris sans soja soit au moins égal à l’échantillon témoin, avec le même indice de consommation », explique Gwénola Ramonet. Le bilan est concluant puisqu’un gain moyen de 0,7 kg a été observé à la fin de l’alimentation 2e âge. Par ailleurs, le taux de pertes a diminué, passant de 2,4 % à 1,2 %. Ces tendances ont été confirmées lors d’un second essai identique sur cet élevage. « Des études ont montré que le soja aurait un effet légèrement allergène sur le porcelet. Sur un porcelet plus chétif au sevrage, cela pourrait avoir de l’impact et donc expliquer la baisse de la mortalité avec un aliment sans soja », suggère Gwénola Ramonet.
Des essais convaincants en conditions d’élevage variées
Trois autres élevages ont rejoint les essais en 2022, en Loire-Atlantique et dans le Finistère. Cette fois, la composition des aliments, le poids de sevrage et la génétique différaient d’un élevage à l’autre. « Nous observons un maintien des performances en conditions d’élevage variées. C’est une belle victoire pour l’aliment sans soja », s’enthousiasme Gwénola Ramonet. L’amélioration ou à minima le maintien du taux de pertes se voient même confirmés. Le Gouessant a également comparé le bilan carbone[1] des aliments porcelet avec ou sans soja utilisés dans l’essai d’Ille-et-Vilaine. Le soja provient du Brésil, alors que les matières premières alternatives utilisées dans les aliments sans soja sont françaises ou européennes. Résultat : dans cette étude, le bilan carbone diminue de 40 % pour l’aliment sans soja, que ce soit en 1er ou en 2e âge. Reste la question des coûts de production. « Pour le moment, le surcoût est de quelques centimes par kg de carcasse », tempère-t-elle.
[1] Bilan établi par Le Gouessant par l’intermédiaire des bases de données d’analyse du cycle de vie européenne GFLI (Global Feed Life Cycle Assessment Institute) et française EcoAlim.