PORC – Une troisième voie se dessine
L’élevage porcin de demain n’a pas un, mais plusieurs visages. Les bâtiments conventionnels, alternatifs et bio intègrent tous des avancées en matière de performances et bien-être animal.
« Nous réalisons une quinzaine de projets de restructuration et d’agrandissement par an » témoigne Pascal Hamon, assisté depuis quelques mois, par Frédéric Rault.
Les deux techniciens bâtiments porc de la Plateforme Services traitent une majorité de projets en production conventionnelle. Mais, ils notent « une poussée des demandes en production alternative car Le Gouessant est la première structure coopérative
du Grand Ouest à s’intéresser réellement à cette 3e voie. »
Des zones de vie différenciées
La rénovation des bâtiments standards fait la part belle à la lumière naturelle « par la pose de fenêtres et, ou, l’aménagement de puits de lumière. En maternité, l’amélioration de la productivité des truies et la prise en compte des normes bien-être conduisent à une augmentation des surfaces, avec possibilité de mise-bas en liberté.
Globalement, la surface par animal a progressé de 25 % en gestante, maternité, sevrage et engraissement depuis quelques années. »
Les deux concepteurs-dessinateurs apportent aussi des réponses aux éleveurs qui souhaitent valoriser leur production en alternatif. « Ces bâtiments d’un nouveau genre comportent 3 zones de vie distinctes : un dortoir isolé et confortable accessible par une porte, une aire d’alimentation généralement intercalée entre la zone de confort et une aire d’exercice où les porcs peuvent se détendre et faire leurs déjections. Cette dernière est abritée, mais les animaux y profitent de la lumière naturelle et de l’air
ambiant. » Les deux techniciens réalisent également des projets en Label Rouge et en Bio. « Le bio est le prolongement de l’alternatif avec des normes plus contraignantes, des courettes extérieures et découvertes pour toutes les catégories d’animaux. »
RUMINANT – Le confort d’abord !
Le Gouessant réalise entre 20 et 30 bâtiments ruminant par an : construction, rénovation, aménagement de stabulation, hangar de stockage. Deux priorités guident les projets : simplicité et confort.
« Avec la crise laitière, le rythme des projets neufs s’est un peu réduit, mais celui des rénovations et des aménagements se maintient » commente Bernard Poilvet, technicien bâtiments ruminant. Les projets sont essentiellement motivés par l’amélioration des conditions de travail, les regroupements d’exploitations, la robotisation de la traite, la mise en place de logettes, l’éclairage en lumière naturelle… « Chaque projet est spécifique. Il doit, avant tout, répondre aux attentes de l’exploitant qui est le décideur et le payeur. Nous sommes là pour l’écouter et le conseiller afin qu’il ait, au final, un bâtiment où il fait bon vivre et travailler. »
Simplicité et fonctionnalité
Bernard privilégie la simplicité et la fonctionnalité des réalisations, tout en veillant à l’intégration paysagère. « Je mets toujours en avant le confort humain pour qu’il y ait le minimum de déplacements et de marches à monter. Ceci, bien sûr, sans oublier les règles de bien-être animal. »
Ainsi, les bureaux ne sont plus positionnés à l’étage, mais surélevés sur une estrade de façon à limiter les marches, tout en conservant une bonne vision sur le troupeau. De même, des passages d’homme sont aménagés tous les 25 à 30 mètres sur la table d’alimentation pour intervenir rapidement en cas de nécessité auprès des animaux. « N’oublions pas qu’avec l’automatisation de la traite et, à l’avenir, de l’alimentation, les éleveurs passeront plus de temps en surveillance des animaux et sur leur poste informatique. L’espace bureau est donc à soigner avec une bonne visibilité sur la traite, la contention et la stabulation. »
POULETTE ET PONDEUSE – Mutation en cours
Suite à l’annonce de la GMS d’interdire la vente d’oeufs cage dans leurs rayons à l’horizon 2025, Le Gouessant accompagne la mutation du parc de bâtiments en poule pondeuse et poulette standard.
Un diagnostic a été réalisé dans chaque exploitation de poule pondeuse standard afin de trouver la ou les solutions les plus adéquates. La Coopérative a proposé des transformations possibles des bâtiments, avec étude de rentabilité à l’appui. Quelques éleveurs ont, d’ores et déjà, franchi le pas en transformant leur outil en bio ou en plein air.
Les adhérents sont accompagnés dans leur conversion avec :
- Des prêts à 0 % pour 10 % de leur investissement
- Une indemnisation forfaitaire pendant le vide technique
- La réalisation gratuite du dossier PCAEA
- Un appui au suivi des chantiers
- Un accompagnement personnalisé pour se former à leur nouveau métier avec un suivi technico-économique rapproché
Des aides pour les poussinières
La Coopérative adapte également son parc de poussinières à l’élevage alternatif et en volière. Chaque poussinière bénéficie d’une enveloppe de subvention :
- Prise en charge de 50 % du coût des perchoirs et des barrières
- Prise en charge de 100 % du coût des plateaux-pesons facilitant le travail quotidien et permettant de récupérer de l’information pour gagner en réactivité
Dans cette perspective, la Coopérative travaille au développement d’Aunéor poulette avec pour objectif d’équiper l’ensemble des exploitations en tablettes.
La présentation du prototype est attendue au Space 2019, avec des tests en fin d’année et un déploiement de l’outil connecté en 2020.
D’autres projets suivent leur cours comme la formation « plantation sur les parcours », l’éco-conception des bâtiments et l’intégration des exploitations dans la biodiversité, l’anticipation du futur règlement bio…
VOLAILLE CHAIR – Laissons entrer le soleil
Les bâtiments volaille chair évoluent pour une meilleure prise en compte du bien-être animal et des conditions de travail. Point d’étape avec Mickaël Alexandre, responsable du service.
« Quelles sont les évolutions majeures en bâtiments volaille chair aujourd’hui ?
Mickaël Alexandre : « En bâtiments neufs comme en rénovation, les évolutions sont essentiellement liées au bien-être animal dans un souci permanent d’amélioration des performances technico-économiques. En poulets de chair, nous passons de bâtiments obscurs, éclairés en lumière artificielle, à des bâtiments clairs en lumière naturelle. En dindes, nombre de bâtiments de style Louisiane laissent déjà entrer l’air et la lumière naturelle. Les évolutions portent plus sur l’aménagement de jardins d’hiver. Nous testons également, dans cette espèce, un modèle d’élevage à faible densité. Des essais sont aussi en cours sur l’enrichissement du milieu en perchoirs, blocs à picorer, chaînettes et ficelles. »
Comment Le Gouessant accompagne-t-il ces adaptations ?
« Ce sont des chantiers clés en main, réalisés en lien avec la Plateforme Services. Le service Bâtiment se rend sur place pour étudier le meilleur positionnement des fenêtres pour qu’il y ait, au final, 3 % de la surface au sol en équivalent vitré. L’étude est gratuite et la Coopérative prend en charge entre 15 % et 30 % du coût des fenêtres commandées auprès du service Bâtiment pour l’année 2019. »
Ce coup de pouce financier facilite-t-il la décision de travaux ?
« Il semblerait que oui puisque, d’ici la fin de l’année, plus de la moitié des éleveurs de poulets Le Gouessant se seront engagés dans la démarche. Cette dynamique est également motivée par l’adhésion de la Coopérative au cahier des charges Nature d’Éleveurs. Nous avons été la première organisation professionnelle certifiée en Bretagne et, à ce titre, nous souhaitons conserver une longueur d’avance. »