Avec le retour des beaux jours, les travaux des champs battent leur plein et les pratiques agro-écologiques se multiplient. Parmi elles, le désherbage mécanique montre d’excellents résultats et séduit de plus en plus d’agriculteurs engagés dans la baisse de l’utilisation de produits phytosanitaires. Cette dynamique collective impulsée par la Coopérative Le Gouessant se confirme au niveau national. En 2019, les ventes de substances actives en usages agricoles ont diminué de 44 %* (hors produits de biocontrôle).
Ayant fait très tôt le pari de l’agroécologie, le groupe coopératif Le Gouessant basé à Lamballe dans les Côtes-d’Armor (22) bénéficie d’une solide expérience terrain. « Nous pratiquons le désherbage mécanique depuis près de 10 ans » témoigne Pierrick Sorgniard, responsable agroenvironnement Le Gouessant, avant d’ajouter « chaque année, nous expérimentons différents protocoles en conditions réelles. Ces enseignements nous permettent aujourd’hui d’accompagner nos adhérents sereinement dans la transition. »
Expérimentations au sein des fermes DEPHY
La coopérative Le Gouessant anime, depuis 2012, un groupe de 12 fermes DEPHY visant à réduire l’usage des produits phytosanitaires dans le cadre du plan Ecophyto. En maïs, le désherbage mécanique s’est rapidement mis en place, comme chez Frédéric et Jean-Michel Le Provost du GAEC Quartier à Plérin (22) : « Nous sommes installés en zone urbanisée et touristique. Nous ne souhaitions plus sortir le pulvérisateur et la roto-étrille s’est imposée comme un choix nécessaire, adapté aux conditions venteuses du littoral. »
Généralement, 2 à 3 passages suffisent à condition d’intervenir au bon moment. Pour Pierrick Sorgniard, « il faut être vigilant sur les conditions d’interventions et le stade des adventices. Les passages mécaniques exigent un sol bien ressuyé et un minimum de temps sec dans les 2 à 3 jours qui suivent l’intervention. Je recommande généralement un premier passage de roto étrille ou de herse étrille à l’aveugle 3 à 5 jours après le semis pour niveler le sol et un deuxième passage au stade 4-5 feuilles maïs. Enfin, il convient de biner la culture juste avant la limite du recouvrement du sol. »
Ainsi, en 2020, 50 % de nos fermes DEPHY a réussi à se passer de traitement chimique sur au moins une de leurs parcelles. D’un point de vue du rendement, on estime que le binage joue un rôle important sur la minéralisation du sol favorisant par là même la croissance des plantes.
Forts de ces enseignements, la Coopérative travaille à la mise en place d’une parcelle d’essais visant à expérimenter pour la première fois le binage sur céréales, en adaptant l’écartement des rangs de blé. Pour Pierrick, qui ne perd jamais de vue l’angle économique, « baisse des densités ne signifie pas forcément baisse des rendements. Nous espérons pouvoir compenser le manque de pieds grâce à la minéralisation du sol » explique-t-il.
Rendre ces pratiques accessibles à tous
Si certains agriculteurs font le choix d’investir dans leurs propres outils de désherbage, il peut être tout aussi intéressant, selon l’exploitation et sa situation, de déléguer ces travaux à une ETA. C’est pourquoi la coopérative Le Gouessant a noué plusieurs partenariats sur le Bassin Versant de l’Ille, de l’Illet et de la Flume.
En 2020, avec le soutien de l’Agence de l’Eau et de la Région Bretagne, 470 ha ont ainsi été travaillés en désherbage mécanique rien que sur les secteurs de Gévezé et de Plumaugat. Une démarche que la Coopérative souhaite désormais étendre à l’ensemble de son territoire, afin d’accompagner ses adhérents dans une agriculture plurielle et durable, où l’agroécologie a toute sa place.
*Données issues du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation dans le cadre du Plan d’actions sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides : baisse sensible des ventes en 2019.