Les éleveurs Fermes 4 soleils font preuve d’agilité, à l’image de Daniel Jolivet. Aviculteur à Plounévez- Lochrist (29), il a diversifié ses activités et gère aujourd’hui plusieurs entreprises dans le para-agricole (transport, combustibles, copeaux…). Cet entrepreneur dans l’âme est très attentif à l’évolution des marchés. Alors, quand la Coopérative lui propose de changer de production pour passer de la dinde au poulet lourd, il accepte naturellement. Témoignage…
Concurrencée par la viande d’importation, boudée par les consommateurs, la dinde subit l’effet yoyo depuis plusieurs années, avec pour conséquence une baisse des mises en place chez les éleveurs. En parallèle, la hausse des coûts des matières premières a aussi dégradé la rentabilité de la dinde. Dans ce contexte tendu, Daniel Jolivet a su tirer son épingle du jeu. « Je dispose de deux bâtiments de 1 500 m2 chacun. Le premier, un bâtiment statique traditionnel construit en 1992, a été rénové en longitudinal il y a 3 ans. Le second, type léonard construit en 1994, a été rénové en colorado il y a 7 ans. Tous deux ont été passés en ventilation dynamique et sont montés sur dalle bétonnée. J’étais par ailleurs déjà équipé de 3 chaînes d’alimentation Multibeck et de 4 lignes de pipettes de type Ziggity. En parallèle, j’avais entrepris les démarches pour passer l’audit Nature d’Éleveurs, avec la mise en place de fenêtres sur mes deux bâtiments. »
Maintenir l’outil à flot
Daniel Jolivet le reconnaît, changer de production pour passer de la dinde au poulet lourd n’impliquait pas, chez lui, de lourdes adaptations. Les principaux investissements ont porté sur de nouvelles pipettes car il s’est avéré que les Ziggity qui n’avaient pas servi depuis 18 ans fuyaient, et sur une séparation mâles/femelles plus adaptée au poulet. Mais ce n’est pas le fruit du hasard. Daniel réalise, chaque année, un certain nombre d’investissements pour maintenir son élevage au meilleur niveau. « À 52 ans, ma carrière n’est pas finie. Si j’arrête de m’adapter maintenant, c’est la pérennité de l’exploitation qui sera remise en cause, et ça peut aller très vite… Maintenir l’outil à flot est ma motivation première ! » confie Daniel, avant d’ajouter « je vise désormais la certification Nature d’Éleveurs. La marche est haute pour accéder à ce cahier des charges qui concilie respect de l’environnement et bien-être animal, mais le jeu en vaut la chandelle. Et puis, j’ai la chance d’avoir un outil bien amorti, ce qui me permet de concentrer mes investissements sur ces choses-là. »
Un vide sanitaire rigoureux
Le premier lot de poulets a été mis en place en mars 2021. « Au début, j’ai bénéficié du sanitaire dinde, j’avais donc moins de pression. Pour autant, j’ai continué à préparer mon bâtiment avec la même rigueur qu’en démarrage dinde, à savoir un lavage avec détergent, une bonne désinfection du bâtiment et des abords, et un vide sanitaire de 10-12 jours après la première désinfection » précise Daniel. « J’avais pour habitude de dire que la production de dinde c’était un peu comme la formule 1. Avec le poulet, je suis passé à l’avion de chasse ! Ça va encore plus vite, les femelles partent à 35-36 jours et les mâles à 45-46 jours. Alors, je mets toutes les chances de mon côté pour écarter les risques. »
Trouver les bons réglables
Daniel connaît bien ses bâtiments. Pour autant, il a dû s’adapter pour trouver une ambiance qui convienne à ses poulets. « J’en suis à mon cinquième lot et je commence tout juste à comprendre les bons réglages. Par exemple, le préchauffage du bâtiment est hyper important. En général, j’allume mes radiateurs 3-4 jours à l’avance pour atteindre progressivement la température de démarrage, soit 34°C d’ambiance 24 h avant l’arrivée des poussins. »
L’autre préoccupation des éleveurs de volailles concerne les pododermatites. Pour Daniel, « il est important de ne pas accumuler d’humidité dans le bâtiment pendant les 10-15 premiers jours d’élevage. » L’aviculteur est donc particulièrement vigilant sur le besoin en air de ses animaux et sur la courbe d’hygrométrie. Il a travaillé sur cette problématique avec Philippe Augustin, technicien Le Gouessant, et une entreprise extérieure spécialisée dans ce domaine. Pour la bonne tenue du lot, il est également attentif à la qualité de sa litière. Daniel démarre sur dalle bétonnée à 2 kg de copeaux au m2 et ajoute 1 kg de copeaux au m2 réparti en 5 passages vers 8, 12, 18, 28 jours ainsi qu’après le départ des femelles.
La qualité de l’eau de boisson
L’eau de l’exploitation sort avec un pH naturel autour de 6. Daniel a donc opté pour une chloration et une acidification de l’eau qui lui permettent de maintenir un pH tamponné à 4. En complément, il applique des pastilles de chlore à dose flash en sortie de pompe doseuse. « Je le pratiquais déjà en dinde, j’ai continué en poulet. Les doses flash empêchent le biofilm de se former dans les canalisations. Ça assainit l’eau, c’est une sécurité supplémentaire » témoigne Daniel qui explique être également attentif à la pression d’eau dans les pipettes pour éviter le gaspillage et l’humidité.
Au niveau de l’aliment, l’aviculteur veille à faire des coupures de chaîne dès le premier jour. « Ça incite les animaux à bien vider les gamelles. C’est aussi un moyen de les habituer aux coupures afin de limiter le stress le jour du départ des femelles. Finalement, ce sont tous ces petits réglages qui, mis bout à bout, contribuent au bon fonctionnement de l’élevage ! » conclut Daniel Jolivet, désormais soulagé de voir partir ses lots en temps et en heure.