Samuel Marchand, responsable technique chez Le Gouessant et spécialiste de la ventilation dans les bâtiments d’élevage de volaille chair, rappelle les fondamentaux de la gestion de l’ambiance en cas de fortes chaleurs.
Interview de Samuel Marchand :
Quelles conditions climatiques peuvent conduire au coup de chaleur ?
SAMUEL MARCHAND : « Les pics de températures extrêmes combinés à un taux d’hygrométrie élevé et à une absence de vent peuvent vite faire monter la température des bâtiments. À titre d’exemple, la Bretagne a relevé 42°C le 18 juillet 2022, un été particulièrement chaud durant lequel 13 % des éleveurs de notre parc ont été impactés par des coups de chaleur. »
Quels sont les principaux facteurs de risques ?
SM : « Hormis les conditions météorologiques, le risque lié au stress thermique varie selon l’espèce (le poulet étant plus sensible que la dinde ou la pintade), la génétique (les souches à croissance lente sont moins sensibles), l’âge des volailles (avant 3 semaines, le risque est faible), la densité, le bâtiment, ses équipements et son environnement. »
Comment les éleveurs peuvent-ils se préparer ?
SM : « Prévoir, c’est déjà agir ! Je conseille à chaque éleveur d’anticiper. Avant l’été, il est essentiel de contrôler ses installations, notamment le bon fonctionnement des ventilateurs et des buses de brumisation, de vérifier le réglage des boîtiers ainsi que l’installation d’eau et son débit. En situation de fortes chaleurs, les animaux boivent plus et la brumisation consomme en moyenne 1 200 l par heure. Sur une journée, la consommation en eau peut ainsi monter à 20 000 l pour un bâtiment de 1 200 m2 ! »
La gestion de l’eau et de l’air est donc fondamentale ?
SM : « Absolument ! Les volailles doivent avoir de l’eau fraîche à volonté. Je recommande de vérifier régulièrement le débit des pipettes et pourquoi pas d’ajouter des pains de glace dans les bacs. Via un système de brumisation, l’eau peut également faire baisser la température intérieure de 5°C, à condition que le taux d’hygrométrie ne dépasse pas 75 %. Le coût d’installation reste toutefois élevé : compter 10 000 € pour un bâtiment de 1 200 m2.
Pour éviter les coups de chaleur, il faut d’abord privilégier la vitesse d’air. À titre d’exemple, une vitesse d’air de 2 m/s permet de réduire de 10°C la température ressentie. Si le réglage des boîtiers de régulation est fondamental, les systèmes d’extraction ou de brassage doivent avoir un débit suffisant pour permettre un bon renouvellement de l’air. On dit qu’il faut en moyenne 240 m3 de débit d’air/m2/h en ventilation dynamique et 200 m3 en ventilation statique. Bien sûr, d’autres critères sont à prendre en compte comme l’isolation des bâtiments, leur orientation, la présence d’arbres à proximité (ils préservent la fraîcheur) ou de fenêtres (qu’on veillera à fermer pendant le coup de chaleur). Il faut également maintenir des abords propres et dégagés notamment au niveau des jupes de ventilation. »
Les éleveurs peuvent-ils se faire accompagner par la Coopérative ?
SM : « Je me déplace dans les exploitations pour aider les éleveurs à trouver les bons réglages. En parallèle, les techniciens de la Coopérative sont dans une démarche proactive. Ils ont recensé les équipements de chaque élevage et proposent d’accompagner les adhérents les plus à risque avant l’été. »