Des marges de progrès significatives sont possibles pour beaucoup d’élevages. Maintenance, bons réglages du matériel et investissements dans des équipements économes permettent de gagner en efficacité énergétique.
Élevage laitier : agir sur l’existant et investir
« Avant d’investir, il est possible d’agir sur l’existant pour réduire les consommations d’énergie », souligne Jean-Charles Coupé, technicien en bâtiment Ruminant chez Le Gouessant. La priorité est de bien ventiler le tank à lait ou de positionner la motorisation à l’extérieur. « On réduit déjà de 20 % sa consommation électrique. » Dépoussiérer les ventilateurs du tank économise 25 % supplémentaires. « C’est du b.a.-ba, mais certains ne le font pas. » Pour limiter les déperditions de chaleur, une évidence est d’isoler le local du chauffe-eau ainsi que les canalisations. Dans le même but, la production d’eau chaude sera idéalement placée à proximité des points de consommation.
S’équiper est l’étape suivante. Le pré-refroidisseur refroidit le lait de 35°C à 17-23°C avant son arrivée dans le tank. « Il apporte une réduction autour de 50 % de la consommation électrique du tank. » L’eau tiède qui en ressort peut servir à l’abreuvement ou au nettoyage. Placé sur le tank, le récupérateur de chaleur préchauffe l’eau jusqu’à 55°C, reste au chauffe-eau à la montée à 70°C. « C’est à la clé 60 à 90 % d’économie d’énergie sur l’eau chaude. » Quant à la pompe à vide à débit variable, « elle est intéressante en traite robotisée ou traite supérieure à 6 heures par jour. » Autre piste, investir dans les énergies renouvelables. Le chauffe-eau solaire produit de l’eau chaude en journée, elle sera utilisée en décalé lors de la traite. « À compléter avec un appoint électrique. » La pompe à chaleur transfère les calories d’une source extérieure au ballon d’eau chaude, réduisant la facture électrique du cumulus de 60 à 80 %. Enfin, auto consommer l’énergie produite par une centrale photovoltaïque est pertinente en traite robotisée. « Une étude sur dix élevages montre qu’une installation de 15 kWc permet de couvrir environ 20 % des besoins électriques de deux robots de traite avec un taux d’autoconsommation de 94 %. L’économie nette se chiffre à 12 000 euros sur 20 ans. »
En porc : un audit avant tout
Plusieurs leviers sont à actionner pour économiser l’énergie. Mais pour agir à bon escient, Delphine Gorin, technicienne bâtiment Porc chez Le Gouessant, conseille de faire un diagnostic du bâtiment. « Si un élevage est à 1 200 kWh par truie par an, il y a un souci », explique-t-elle. L’audit de ventilation révèle souvent un mauvais réglage du couple chauffage-ventilation en maternité et post-sevrage. « Les consignes sont données au cas par cas. » Autre levier, l’entretien régulier du matériel. « Les radians en état et les ventilateurs propres, c’est 5 à 10 % d’énergie en moins. » De même, une bonne isolation du bâtiment et le talutage des préfosses limitent les déperditions.
Investir dans des équipements économes est conseillé. En post-sevrage et maternité, les niches à porcelets avec lampe génèrent une économie de 60 %. « Avec les tarifs actuels de l’électricité, le retour sur investissement est de quatre ans. » Des niches à porcelets sans lampe et avec lames PVC verticales ont été testées dans un élevage en post-sevrage. « Le résultat est impressionnant. L’éleveur préchauffe 4 heures avant l’arrivée puis plus rien. » Cette conception permet de diviser la facture d’énergie par quatre. Les ventilateurs économes sont aussi une source d’économie d’énergie estimée à 70-80 %. « Mais attention à choisir un matériel de bonne marque. » Une autre voie est de produire l’énergie avec des trackers, des panneaux photovoltaïques ou des chauffe-eau solaires. La microméthanisation est également une réponse pour les installations au gaz. On peut aussi produire de l’énergie avec la lisiothermie. Un circuit contenant un fluide caloporteur récupère les calories du lisier au niveau de la dalle béton de la pré-fosse. Elles sont valorisées par une pompe à chaleur. « L’économie d’énergie est de l’ordre de 60 %. C’est fréquent en bâtiment neuf, mais aussi possible en rénovation. »
Volaille de chair : de l’importance des bons réglages
La première économie d’énergie se trouve dans la maintenance du système de chauffage et des installations électriques. « Les radians gaz doivent être nettoyés à chaque vide sanitaire », rappelle Samuel Marchand, responsable technique en Volaille de chair au sein de la Coopérative. Les injecteurs et les thermocouples doivent être changés tous les ans. Dans les bâtiments dynamiques, la courroie d’entraînement de la turbine est souvent détendue ou abîmée. « Le moteur consomme autant, mais le débit de ventilation peut être divisé par deux. » Contrôler l’état de la courroie avant l’été et la changer si besoin est de première importance. Autre point de contrôle, le bon fonctionnement des capteurs de température et d’hygrométrie. Ensuite, il s’agit de bien régler la ventilation et le chauffage. « On aide les éleveurs à trouver les bons curseurs. » La maintenance est également de rigueur pour le bâtiment. Avec l’âge, l’isolation ne joue plus pleinement son rôle, la perte de chaleur entraîne un surcoût de chauffage. « L’isolation est à revoir avec de la laine, de verre, de roche ou de la mousse polyuréthane projetée sur les murs extérieurs. » L’étanchéité à l’air du bâtiment faiblit aussi avec le temps. Des entrées d’air non maîtrisées ont pour conséquence une baisse d’efficacité de la ventilation et une sollicitation accrue des turbines. Identifier les ponts thermiques permet d’agir là où le bât blesse. Pour aller plus loin, la solution est d’investir dans des lumières LED. « Par rapport à des néons standards, la consommation est divisée par deux. » Remplacer les ventilateurs énergivores des vieux bâtiments par des modèles dernière génération réduit de moitié la facture. Autre piste, auto consommer l’électricité issue du photovoltaïque. Enfin, les échangeurs de chaleur limitent les consommations de gaz: 327 euros économisés pour 37 euros d’électricité dépensés sur les quinze premiers jours. Sur la durée du lot, l’économie de gaz se chiffre entre 30 et 50 %.