Avec CAP’2ER, la filière laitière dispose d’un outil puissant pour progresser vers des pratiques moins impactantes pour le climat. Une occasion de mettre en avant les efforts de la profession et de vendre des crédits carbone agricole sur le marché de la compensation.
Depuis deux ans, Le Gouessant réalise des diagnostics CAP’2ER dans les exploitations laitières. « C’est un outil qui permet de mesurer l’impact environnemental du système de production », explique Lison Leray, conseillère environnement. Il existe deux niveaux. Le premier se limite à étudier un atelier, histoire de mesurer rapidement son empreinte carbone et de sensibiliser l’agriculteur sur ces aspects écologiques. Le deuxième niveau concerne l’exploitation tout entière et s’inscrit sur cinq ans. « L’objectif est de réduire et de compenser les émissions de gaz à effet de serre de la ferme. » Un diagnostic initial est établi, des actions à mettre en œuvre sont identifiées et l’amélioration de l’empreinte environnementale générée par ces actions est évaluée. « Après une préparation en amont, je passe 3 à 4 h avec l’éleveur pour aller dans le détail, puis nous validons ensemble le plan d’actions. » Trois ans plus tard, un point est fait sur l’état d’avancement du plan. Au bout des cinq ans, un nouveau diagnostic mesure l’empreinte carbone de l’exploitation et vérifie que les émissions ont bien été réduites.
Déjà plusieurs fermes engagées
C’est sur ce niveau 2 de CAP’2ER que repose la méthode Carbon Agri qui certifie des projets agricoles de réductions d’émissions de gaz à effet de serre et l’estampille du label bas-carbone. De tels projets certifiés, qui s’inscrivent dans l’initiative « Ferme laitière bas-carbone » portée par le CNIEL, peuvent conduire à la vente de crédit carbone mais ce n’est pas obligatoire.
En 2021, neuf diagnostics CAP’2ER ont été conduits par Le Gouessant chez des éleveurs laitiers du réseau Fermes 4 soleils. « Six ont souhaité bénéficier de la vente de crédit carbone, et trois ont préféré ne pas s’engager sur ce marché. » En 2022, les efforts se poursuivent avec huit diagnostics prévus dont quatre déjà en cours de réalisation dans des exploitations laitières « Ferme de Référence ».
Mieux gérer le troupeau
Les leviers d’amélioration proposés par CAP’2ER dans ces cas concrets font référence essentiellement à la gestion du troupeau : la maîtrise des réformes subies, le renouvellement, l’optimisation de l’âge au premier vêlage, et aussi une meilleure autonomie en paille. La consommation d’énergie est également un point d’amélioration via l’achat d’un prérefroidisseur. Enfin, augmenter le linéaire de haies bocagères permet de séquestrer du carbone supplémentaire. Ces mesures ont par exemple permis de faire évoluer l’empreinte carbone d’une des exploitations de 0,90 à 0,86 kg équivalent CO2 par litre de lait corrigé. « Ça peut paraître faible, mais les efforts consentis prouvent la volonté de l’éleveur d’investir dans des pratiques vertueuses et ramené à l’année, cela représente 236 tonnes de CO2 qui ne seront pas émises. » Ces économies se traduisent en crédits carbone certifiés par France Carbon Agri et seront vendus 30 à 32 euros la tonne. Ainsi dans cet exemple, l’éleveur percevra plus de 7 000 euros, une partie en année 1, un peu en année 3 et le solde en année 5. Au-delà de l’aspect financier, CAP’2ER permet de communiquer sur l’action de la filière laitière pour le climat, de montrer que les éleveurs, trop souvent mis à l’index, sont conscients de leur impact environnemental et qu’ils agissent pour le réduire. N’oublions pas, et c’est une
chance, que l’agriculture est la seule filière de production qui a la capacité de compenser ses émissions.
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