Face à l’influenza aviaire, mais aussi à tous les autres agents pathogènes, Stéphanie Delage, productrice d’œufs à Guilliers (56) a mis en place des mesures de biosécurité pour limiter les risques pour son élevage. Ce dernier a été placé en zone de surveillance à l’automne dernier, suite à un foyer de grippe aviaire situé à moins de 10 km de son site.
Face à l’influenza aviaire, mais aussi à tous les virus, bactéries ou parasites qui peuvent mettre à mal un élevage avicole, les mesures de biosécurité sont un rempart de protection. Il est d’ailleurs obligatoire pour tous les élevages avicoles d’avoir un plan de biosécurité qui analyse les risques sanitaires et établit
en face les mesures de préventions (plan de circulation, gestion des flux, plan de nettoyage et de gestion contre les nuisibles, protection face à l’avifaune…). Pour Stéphanie Delage, éleveuse à Guilliers, les mesures de biosécurité sont une évidence. « J’ai rentré mon premier lot de poules en janvier 2021 », présente l’avicultrice. « Donc j’ai commencé mon nouveau métier de productrice d’œufs dans un contexte sanitaire difficile ». Dès la conception de son bâtiment de 30 000 poules plein air, Stéphanie Delage a intégré des exigences de biosécurité pour protéger ses poules des risques de contamination.
Limiter les flux de personnes et de véhicules
En premier lieu, Stéphanie Delage veille à limiter les flux de personnes et ne laisse entrer à l’intérieur des bâtiments que ceux dont la présence est indispensable. « Je travaille seule. En ce moment, les seules personnes que j’autorise à rentrer sont ma technicienne et le vétérinaire », souligne l’avicultrice. Cette limitation d’accès s’applique aussi aux véhicules. L’ensemble de son site d’élevage est clôturé et un portail en ferme l’accès. Les intervenants doivent donc se stationner à l’extérieur et parcourir à pied les 200 mètres qui séparent le parking des bâtiments. Seuls peuvent pénétrer sur le site les camions, qui apportent l’aliment et les emballages, comme ceux qui emportent les œufs. Pour limiter les risques de transfert, les zones de passage sont régulièrement désinfectées. « Une fois par semaine, je chaule l’accès au bâtiment, le quai de chargement et devant les silos », explique Stéphanie Delage. « Les chauffeurs doivent désinfecter les roues de leur camion à chaque fois qu’ils entrent sur un site d’élevage. Pour être sûre qu’ils le fassent, je mets à disposition un pulvérisateur rempli de désinfectant ». Après l’enlèvement des œufs, le quai et le local de stockage seront lavés à l’eau de javel. « C’est à faire deux fois par semaine, ça me prend 20 minutes », précise Stéphanie Delage.
Prévenir le risque d’introduction de pathogènes
La vigilance est aussi de mise à l’entrée des bâtiments, en évitant d’introduire des sources d’infection par contact direct. À leur arrivée, les intervenants extérieurs doivent signer le registre d’élevage. Un sas sanitaire avec une zone sale et une propre permet de changer de tenue, donc de ne pas introduire de vêtements ou de chaussures éventuellement porteurs de pathogènes à l’intérieur du bâtiment. Dans la 1re partie du sas, dite zone sale, chacun doit déposer ses vêtements et chaussures, avant de passer dans la zone dite propre, où il faut se laver les mains, puis s’équiper de bottes et de cottes. Pour les intervenants extérieurs, l’éleveur doit mettre à disposition des surchaussures, charlottes et cottes qui seront jetées. « Si on a plusieurs bâtiments, il faut s’astreindre à refaire la procédure à chaque fois, pour éviter de transférer des pathogènes entre bâtiments », rappelle Camille Marc, technicienne avicole chez Le Gouessant.
Cette procédure de tenue civile/tenue d’élevage est aussi valable pour l’éleveur et ses proches. « Mes fils ont 4 et 6 ans. Quand ils m’accompagnent à l’élevage, ils savent qu’ils doivent mettre une cotte et changer de chaussures en arrivant » s’amuse Stéphanie Delage.
Limiter les contacts à risque
Face à l’influenza aviaire, le premier risque vient de l’avifaune. « D’où l’interdiction de sortir sur les parcours », souligne Stéphanie Delage. Pour limiter la transmission d’autres agents pathogènes, il faut dératiser régulièrement et ne pas laisser de chien à circuler à proximité des bâtiments. Face aux virus aéroportés, les mesures de prévention sont plus limitées, difficile d’empêcher l’air de circuler. « On peut juste limiter les transmissions par contact », reconnaît Camille Marc. « Mon bâtiment est à claire-voie », partage Stéphanie Delage, « donc l’air circule. Mais les poules ont déjà moins de contact avec l’extérieur, car elles ne vont plus sur le parcours ».