Réactif et précis, le logiciel Aunéor donne des indicateurs qui permettent de suivre l’impact économique de ses choix techniques. Il a aidé Victoria Février et Maxime Besselièvre, éleveurs dans la Manche, à augmenter leur production et, surtout, leur marge.
Le Gouessant a développé Aunéor, un logiciel qui donne aux éleveurs des clés pour suivre rapidement leurs résultats économiques. Lancé il y a 4 ans, « Aunéor est un outil d’aide à la décision qui connecte les données d’élevage et les résultats économiques afin d’identifier les leviers permettant de gagner en efficacité. Imbriquer l’économique et la technique aide à détecter les points forts et les possibilités d’amélioration », présente Muriel Johan, responsable conseil et développement numérique chez Le Gouessant. Aunéor aide à valider si ce qui est techniquement faisable est économiquement intéressant. « La technique doit être au service de l’économique pour permettre aux éleveurs de bien vivre de leur métier, souligne Muriel Johan. Avec Aunéor, les éleveurs se fixent un objectif économique “je veux tel niveau de rémunération, j’ai tel projet à financer” et peuvent mettre en face les résultats techniques qui permettront de l’obtenir ».
Pour ce faire, le logiciel compile toutes les données disponibles au sein d’un élevage et en tire différents indicateurs, comme la marge sur coût alimentaire, baromètre de l’efficacité économique calculé chaque mois. Avec des chiffres, il sera plus facile d’identifier des axes d’amélioration, des pistes concrètes d’optimisation.
Être sûrs de la pertinence économique de ses choix
Victoria Février et Maxime Besselièvre, les deux associés du GAEC de Botrel, à Gonneville-le-Theil (50), travaillent avec Aunéor depuis octobre 2021. Maxime Besselièvre a rejoint en 2013 l’exploitation laitière familiale. Victoria Février, d’abord salariée de l’exploitation, s’est installée au 1er avril 2024. Les deux jeunes éleveurs ont voulu augmenter leur production tout en laissant une large place aux prairies dans leur assolement. « Mes parents avaient une approche focalisée sur le lait produit, qui ne me correspondait pas, reconnaît Maxime Besselièvre. À mon installation, j’avais plutôt envie de travailler sur l’autonomie et de m’assurer que chaque euro investi en intrants contribuait à améliorer ma marge. »
Leur conseiller leur a parlé d’Aunéor. « Avec des indicateurs, comme la marge sur coût alimentaire, c’est le bon outil pour suivre l’impact économique de ses choix techniques », partage Pierre Mahieu, conseiller Le Gouessant. « Si je change quelque chose dans ma ration, je veux être sûr que ça me rapporte, confirme Maxime Besselièvre. Avec le bilan comptable, on se rend compte de l’impact de certains choix plus d’un an après. Avec Aunéor, on voit où on en est tous les mois. Ça permet d’être plus réactif et de mieux appréhender les liens entre les choix techniques et les résultats économiques ». Cette réactivité est d’autant plus importante dans le contexte actuel de fortes fluctuations des prix des matières premières.
Un travail qui porte ses fruits
« Depuis que nous avons lancé cette réflexion, nous avons progressé en lait et en marge », se félicitent Victoria et Maxime. En 4 ans, le jeune couple est passé d’une production de 800 000 l à 1,2 million, tout en réduisant le nombre de vaches. « La production est passée de 27 à 35 kg/vache et la marge sur coût alimentaire atteint désormais 11,5 €/vache laitière/jour », détaille Victoria. Pour y arriver, les éleveurs ont actionné plusieurs leviers, au niveau de la reproduction, de la préparation des taries mais surtout ils ont optimisé la ration. « Nous l’avons travaillé pour maximiser la rentabilité tout en respectant les choix des éleveurs de n’avoir ni OGM, ni huile de palme et de garder une présence importante d’herbe, détaille Pierre Mahieu. C’est passé, par exemple, par de l’incorporation de colza, de drèches ». « J’ai osé changer la ration car je m’étais assuré de la rentabilité, reconnaît Maxime. Avec Aunéor, on voit ce qu’on dépense mais surtout ce que ça permet de dégager comme marge en plus. »
Après avoir travaillé sur la quantité, les éleveurs ont souhaité se pencher sur les taux afin de prévenir la chute du TB. En effet, la part importante d’herbe dans la ration pendant l’été, ne permettait pas un fonctionnement optimal du rumen, induisant des pénalités sur le paiement du lait. « On a opté pour l’ajout d’un additif permettant d’accompagner le fonctionnement du rumen dans la synthèse de la matière grasse. Il y avait 30 centimes à aller chercher par vache pour un investissement de 10 centimes ». Victoria et Maxime entendent bien continuer à optimiser leur activité. « Grâce à Aunéor, nous avons rapidement la vision économique de nos choix », apprécient les deux éleveurs.