La performance passe par les détails. C’est en étant rigoureux sur toute la chaîne alimentaire que Sébastien Lavolée a réussi à améliorer l’indice de consommation de ses porcs charcutiers.
L’aliment représente plus de 70 % du coût de revient d’un porc. Particulièrement dans l’actuelle conjoncture de prix élevés des matières premières, toute optimisation des charges alimentaires améliore les performances économiques. Pour alléger ce coût alimentaire, il faut que chaque kilo d’aliment soit valorisé au mieux, par un maximum de croissance. C’est ce que traduit l’indice de consommation. « L’indice de consommation et la productivité par truie sont deux critères importants pour la marge sur coût alimentaire », rappelle Brigitte Petitpas, responsable technique Le Gouessant. Sur l’élevage de Sébastien Lavolée et de son frère Mathieu, l’indice de consommation technique 30-115 kg est passé de 2,75 à 2,54 entre 2016 et 2021. Sur la même période, le nombre de kilos produit par an et par truie a progressé de 3,176 kg à 3,262 kg. Ces améliorations ont été construites pas à pas.
« En 2015, je n’étais pas satisfait des croissances en engraissement », se souvient Sébastien Lavolée. Avec sa conseillère, l’éleveur décide de décortiquer ses pratiques pour trouver les leviers d’amélioration. Cela commence par des pesées régulières et un suivi à la bande (avec une identification par une frappe à 7 chiffres) pour pouvoir réagir plus rapidement, via le Suivi Technique Immédiat. L’éleveur met en place une courbe alimentaire, organisée en trois phases. « Ces trois phases sont calées sur la vitesse de croissance et évitent de sous-alimenter en début d’engraissement et de suralimenter en fin », souligne Brigitte Petitpas. L’éleveur a également adapté le nombre de repas. Si pendant la phase de croissance, les animaux reçoivent trois repas, en finition la ration leur sera distribuée en deux fois. Pour s’assurer qu’il n’y a pas de gâchis, Sébastien Lavolée vérifie toutes les auges quotidiennement. En fin d’engraissement, l’éleveur valide ses prévisions de départ des charcutiers par des pesées.
De l’hygiène depuis le champ
Arriver à ce que ses animaux valorisent au mieux l’aliment ingéré demande une vigilance de tous les points clés de la chaîne alimentaire. Et ce, dès les cultures quand, comme Sébastien Lavolée, on valorise ses propres céréales. « Nous utilisons notre blé, notre orge et notre maïs. J’achète aussi du maïs à des voisins et j’achète le complément au Gouessant avec des aliments qui répondent à mon cahier des charges sans OGM ». Pour prévenir la présence de mycotoxines, les pratiques culturales ont été adaptées. « Nous choisissons des variétés moins sujettes aux mycotoxines et nous sommes rigoureux sur les traitements fongicides », partage l’éleveur. « En maïs, on broie les cannes pour limiter le risque pyrales dont les perforations sont des portes ouvertes aux maladies fongiques ». Pour s’assurer de la qualité et de la régularité des matières premières, l’éleveur les contrôle régulièrement. Après la moisson, la présence de mycotoxines est analysée sur les céréales sèches. Même si un conservateur y est ajouté, le maïs humide, plus sensible, sera contrôlé plusieurs fois par an. Les valeurs alimentaires sont aussi suivies par des analyses régulières. « Pour le maïs humide, je contrôle toutes les semaines le taux d’humidité », reconnaît Sébastien Lavolée. Ces suivis permettent à la fois d’adapter la formule et d’optimiser les stocks. L’éleveur est
particulièrement rigoureux sur l’hygiène de la distribution. Il utilise des acidifiants pour orienter la flore. Machine à soupe, cuves, canalisations sont nettoyées très régulièrement. En complément, une fois par an, Sébastien Lavolée procède à un grand nettoyage intégral : « Même la cuve de stockage de l’eau y passe » reconnaît-il. Car l’hygiène de l’eau impacte aussi les performances des animaux. Pour s’assurer de sa qualité, l’eau du forage est analysée une fois par an et un traitement systématique est fait en post-sevrage.
Optimiser les conditions d’élevage
La maîtrise des risques sanitaires passe aussi par le nettoyage régulier des préfosses et des gaines de ventilation. Pour que les porcs valorisent au mieux la ration ingérée, leurs conditions d’élevage doivent être optimales. Sébastien Lavolée valorise la chaleur produite par son unité de méthanisation pour chauffer ses bâtiments. La température est maintenue à 23°C en début d’engraissement, 21/22 en fin. « Les salles sont chauffées avant l’entrée des animaux pour limiter le stress thermique », souligne Brigitte Petitpas. La ressource en chauffage à moindre coût permet de ventiler suffisamment tout en maintenant la bonne température. La qualité de l’ambiance, comme le respect du taux de chargement limitent les pathologies respiratoires. Pour compléter la prévention, l’éleveur limite le brassage des portées à l’entrée en post-sevrage et vaccine les porcelets pour limiter les maladies respiratoires. L’élevage est indemne SDRP. Cette très bonne maîtrise sanitaire a permis à Sébastien Lavolée, non seulement d’améliorer ses performances techniques mais aussi d’intégrer un cahier des charges « Porc sans antibiotique à partir de 28 jours ». « Mon objectif est de passer en 0 antibiotique dès la naissance », projette l’éleveur. J’ai encore quelques améliorations à faire en maternité pour y arriver ». Autre challenge, le passage à l’immunocastration. « Avec cette technique, l’indice de consommation devrait se rapprocher de celui des mâles entiers, sans les inconvénients », espère Sébastien Lavolée.