Longtemps perçus comme une contrainte, les couverts végétaux sont en train de séduire de plus en plus d’agriculteurs engagés en agriculture de conservation des sols. Pour certains, ils sont mêmes devenus une culture à part entière. Zoom sur les nombreux bénéfices de ces couverts qui, bien utilisés, constituent un formidable outil agronomique.
Le couvert végétal est une culture intermédiaire destinée à structurer le sol. À l’heure où les phytosanitaires sont décriés et où les sols se fragilisent, cette alternative affiche de bons résultats.
Bien choisir ses espèces
Pour choisir le bon couvert, il faut tenir compte de plusieurs facteurs à commencer par la rotation des cultures sur la parcelle. Il est primordial de sélectionner des espèces qui s’intégreront dans l’assolement de l’exploitation. Par exemple, un cultivateur de colza évitera d’intégrer des crucifères (radis, moutarde…) dans ses couverts pour la simple et bonne raison qu’issus de la même famille de plantes, ces espèces sont vectrices de développement de la hernie du chou et du sclérotinia. De même qu’un maraîcher évitera d’implanter des espèces vectrices du nématode. Bien sûr, d’autres critères peuvent entrer en ligne en compte comme le type et la date de semis, le mode de destruction envisagé, la nature du sol, la fourniture d’azote, la réglementation et la PAC… Votre technicien Le Gouessant saura vous conseiller.
Réussir son semis
Le soin apporté aux conditions de semis va favoriser la levée et la couverture du sol. Ce dernier doit être aéré en profondeur pour favoriser le développement racinaire et rappuyé en surface pour un meilleur contact graines-sol. La profondeur, la densité ainsi que la date de semis varient d’une espèce à l’autre. Respectez bien les préconisations de votre technicien et veillez à régler vos outils pour éviter les répartitions irrégulières au sol qui laissent place au salissement.
Un outil agronomique multifonctions
Si les couverts végétaux sont bien gérés, les avantages agronomiques et environnementaux sont multiples. Ils permettent notamment :
- d’améliorer la structure du sol par la porosité liée au développement racinaire pendant l’hiver. L’interculture va ainsi contribuer à la fertilité physique, chimique (préservation de l’oxygénation des éléments minéraux), hydrique (pouvoir filtrant) et biologique (équilibre microbien) du sol ;
- de produire des engrais verts naturellement redistribués aux cultures suivantes (azote, phosphore, potasse…) ;
- de lutter contre le salissement des sols en travaillant sur des espèces compétitives ou allélopathiques (sarrasin) qui vont venir recouvrir le sol pendant l’hiver et contrer le développement des adventices (véroniques, gaillets, sénéçon…) ;
- de renforcer la lutte prophylactique pour prévenir le développement des maladies (biofumigation par les crucifères pour limiter le piétin échaudage dans les rotations céréales) ;
- de contribuer à l’image positive d’une agriculture raisonnée et de façonner les paysages de nos campagnes avec des cultures diverses et fleuries.
Des gains économiques certains
Intéressants sur le plan agronomique, les couverts végétaux peuvent aussi être vecteurs d’économies d’azote (jusqu’à 20 à 22 € de gains à l’hectare en moyenne), de désherbant (une enveloppe herbicide réduite de 20 à 30 € à l’hectare) et fongicide (1 à 2 interventions suffisent dans la plupart des cas). C’est aussi un moyen de réaliser d’intéressantes économies de mécanisation et de carburant, grâce à des sols plus poreux et donc plus faciles à travailler. Voilà des arguments qui portent à réfléchir !
Rappel de la réglementation
Depuis la réforme de 2015, les structures agricoles faisant une déclaration PAC doivent détenir 5 % de Surfaces d’Intérêt Écologique. Ces SIE peuvent être des bandes enherbées, des haies ou des couverts végétaux. Dans ce dernier cas, seuls sont éligibles les couverts semés en mélanges de 2 espèces ou plus.
Pour limiter les fuites de nitrates vers les eaux sur toutes les parcelles cultivées en Bretagne, la réglementation impose de couvrir le sol :
• Soit par une culture d’hiver (les repousses de céréales n’étant pas considérées comme couverture végétale) ;
• Soit par une Culture Intermédiaire Piège à Nitrate (CIPAN) qui sera ré-enfouie dans le sol ;
• Soit par une culture dérobée dont Culture Intermédiaire à Vocation Énergétique (CIVE), qui sera récoltée ou pâturée ;
• Soit par broyage et enfouissement superficiel des cannes de maïs grain, sorgho ou tournesol, dans les quinze jours suivants la récolte.
Dans le cas des CIPAN, l’introduction de légumineuses en mélange est autorisée au semis dans la proportion maximum de 20 % de légumineuses.